Vincent GOURIOU
Né en 1974 à Concarneau
Vit et travaille à Brest
Présentation par Jean Yves PENNEC, discours d'inauguration
“Vincent GOURIOU
Dans la petite salle de la longère , qui avant d’accueillir des œuvres servait de crèche ou l’on élevait les veaux, Vincent GOURIOU a sélectionné dans son travail de photographe portraitiste, un ensemble d’images appartenant à une série qu’il a consacré à des personnages singuliers habitant la campagne bretonne. Un couple d’hommes mariés, bretonnants revenus vers la nature et y travaillant et un éleveur ayant repris la ferme de ses parents. Tous les trois vivant leur choix de différence dans un univers où végétaux et animaux font leur décor quotidien.
Dans ces deux histoires simples, paysannes, Vincent Gouriou nous révèle par son approche fine, douce et sensible de ces personnages, une humanité d’une extrême beauté.
De ces clairs obscurs subtils se dégage une sensualité précieuse, tout à la fois respectueuse et heureuse qui dit bien la force et la profondeur des affections intimes qui relient les êtres vivants, hommes et animaux.
Notez bien l’éclat discret de la couleur et le chemin de la lumière dans cet exceptionnel éloge de l’ombre.”
Biographie :
Vincent Gouriou est Lauréat de la Bourse du Talent 2016 et a exposé ses photographies à la Bibliothèque nationale de France ; à Amsterdam, il gagne le troisième, puis le deuxième prix du Pride Photo Awards en 2015 et 2016 ; en Malaisie, il reçoit le premier prix du Kuala Lumpur International Photoawards en 2017 et le deuxième prix en 2014.
Il expose son travail au Centre Atlantique de la Photographie (2013 et 2014) à Brest, aux Rencontres photographiques de Lorient (2015), à l’Imagerie (2017 et 2018) à Lannion. Il est dans la sélection du jury du Festival Circulation(s) de la jeune photographie européenne (2014) au 104 et la même année, dans la sélection officielle du Mois de la Photo à Paris. La galerie David Guiraud lui offre une exposition personnelle en 2018 et présente à nouveau son travail lors de la foire internationale de photographie Fotofever au Carrousel du Louvre.
Ses œuvres font partie des collections de la Maison Européenne de la Photographie (Série « Eliot et ses corsets ») et de la Bibliothèque nationale de France (Série « Singularités »).
Le genre et la communauté « LGBTI+ » dans le milieu rural
À partir de 2009, dans ma première série « Singularités », j’ai cherché par l’acte photogra-phique à montrer les différences individuelles par les corps singuliers, de l’enfance à l’âge adulte jusqu’aux séniors. Mon souhait était de bâtir une démocratie des corps et des sensi-bilités dans une mise en scène où la fragilité des apparences peut se muer en force.Cinq ans plus tard ma réflexion s’est élargie au choix de vivre en couple ou en famille. Dans ma série « des famille(s) », je tente de dresser un état des lieux des contours actuels de cette institution en perpétuelle redéfinition. Le couple, la fraternité, la filiation, la maternité sont autant de thèmes abordés, dont les portraits dépassent le simple questionnement de la cellule familiale, pour mettre en image le dialogue de l’autre et du même : l’homosexualité, la gémellité, la réassignation sexuelle du genre, la fusion des rôles paternel et maternel.
Depuis, j’ai amorcé un travail sur « le genre et la communauté « LGBTI+» » (lesbien, gay, bisexuel, transgenre et intersexe) dans le milieu rural, qui fait partie de mon environnement et de mes origines. Dans ce cadre, j’ai photographié plusieurs personnes dont Fulub et Yann-Pier, vivant ensemble depuis vingt-cinq ans en Centre-Bretagne et cultivant un potager et élevant chevaux, vaches et cochons, ainsi que Pascal, un jeune agriculteur qui a repris l'exploitation laitière de ses parents en Bretagne près de Guingamp. Il travaille seul et reçoit parfois l'aide de sa famille ou d’un apprenti pour s’occuper d’une centaine de vaches.
Ces images montrent la vie quotidienne d'agriculteurs passionnés par leur métier. Leur amour pour ce travail, la relation forte et particulière avec leurs animaux se conjuguent pourtant avec une vie intime qu’on peut considérer aussi comme particulière à la campagne.
Montrer les gays ou personnes de la communauté LGBTI en zone rurale, est encore une réalité presque invisible, notamment dans l’agriculture et assez éloignée de l’imaginaire collectif sur cette communauté souvent urbaine.
Je cherche donc à les mettre en lumière afin de combattre les stéréotypes et pour apporter ma part à cette cause et à cette communauté à laquelle j’appartiens.
Le ciel gris se reflétait dans ses yeux clairs
Querelle de Brest de Jean Genet peut en soi constituer une entrée en matière idéale à la pratique photographique de Vincent Gouriou. Dans ce roman paru en 1947, se croisent et se rencontrent un matelot, son frère, un inspecteur ténébreux, des marins alanguis, une tenancière de bar et son mari bisexuel, tout cela dans le port de Brest nimbé en permanence d'un épais brouillard. Dans les portraits réalisés par Vincent Gouriou, on retrouve ce paysage brestois – et breton de manière générale –, fait de rochers, de landes et d'ouvertures vers la mer. Même quand le photographe travaille en intérieur, la lumière y est pâle, comme si le temps était constamment couvert ou brumeux.
Les personnages du livre de Jean Genet ne sont jamais seulement ce qu'ils semblent être, et tous abritent une complexité de prime abord insoupçonnée. De même, les portraits photographiques de Vincent Gouriou font fléchir les certitudes et les attentes. À différents degrés, ils troublent la frontière tracée entre masculin et féminin, nuancent la définition de ce qui forme une famille, et contreviennent à l'idée même de norme, qu'elle soit morale, sociale, physique ou sexuelle.
L'approche n'est ni directe ni frontale, le photographe faisant preuve de beaucoup d'attention et de prévenance envers le corps de ses modèles. De là naît une certaine forme de mise à nu, autorisant proximité et dévoilement de l'intimité, sans voyeurisme. Les portraits de Vincent Gouriou s'inscrivent dans la lignée de travaux d'artistes actifs depuis les années 1990 qui conçoivent la photographie comme la matérialisation d'une identité (aussi mouvante soit-elle), sans pour autant la figer : les adolescents photographiés par Rineke Dijkstra à la sortie de l'eau ou dansant en boîte de nuit, les corps androgynes retenus par Collier Schorr, ou encore les transexuels et les hommes nus de Takano Ryûdai. Spontanément, viennent aussi en tête les premiers portraits de Paul Mpagi Sepuya et ceux, magnétiques et éthérés, de SMITH.
Parfois sous-exposées, les photographies de Vincent Gouriou baignent dans une atmosphère un peu froide, aux teintes minérales. Les nuances colorées oscillent entre le gris, le bleu et le vert pâle, sans que l'on sache s'il faut les appeler ardoise, cendre, cobalt, perle, ou encore céladon. Rien n'est définitif, ni monolithique. Au contraire, l'indécision – fût-elle chromatique ou sémantique – préserve le travail de Vincent Gouriou des standardisations de tout ordre.
Expositions individuelles
2019 Singularité(s), invité d'honneur du festival "Les Photographiques", collégiale Saint-Pierre-la-cour, Le Mans
2017 Singularité(s), série, Galerie Les Bigotes, Vannes
2016 Autour de la rue de Paris, Bibliothèque Lucien Rose, Rennes
Genre(s), Maison des Associations, Rennes
2014 Galerie de la Factory 41, Brest, en collaboration avec le Centre Atlantique de la Photographie, Brest
Le passage, série sur l'adolescence – Production du Centre Atlantique de la Photographie dans le cadre du festival « Pluie d'images », Bibliothèque Universitaire de Lettres et de Sciences Humaines, Brest
Expositions collectives
2019 Love My Way, Villa Romaine, Hyères, collection privée de Pierre Passebon, dans le cadre du
Festival International de mode et de photographie à la Villa Noailles.
Out d’or 2019 : 50 ans après stonewall - Les Photojournalistes sur le front des luttes LGBTI, Le Point Éphémère, Paris,
exposition organisée par l'Association des journalistes LGBTI;
ULTRA OFF Exhibition, Corte Genova, Prato, Italy, exposition organisée par SEDICI sur le thème des Droits Humains,
en marge de l'exposition de Robin Hammond "Where Love Is Illegal", supported by the Witness Change organization.
2018 40ème Estivales photographiques du Trégor, L'imagerie, Lannion
Fotofever, Carrousel du Louvre, Paris, exposition présentée par la Galerie David Guiraud
Shoot !, Quinzaine photographique, dans la vallée de Chamonix-Mont-Blanc
2017 Pride Photo Awards, Skopje, Macedoine ;
Pride Photo Awards & Netherlands Embassy, Pristina, Kosovo ;
ZETA Gallery, Tirana, Albanie ;
Pride Photo Awards, show « In/Out », Nha San Collective, Hanoï, Vietnam ;
Pride Photo Awards, show « Pride Family », IHLIA, Amsterdam Public Library, Amsterdam ;
Pride Photo Awards, « Photography for Tolerance and Diversity », Erasmus Huis, Jakarta
Festival ManifestO, Toulouse
Drawing freedom, Haïfa Museum of Art, Israël
Estivales Photographiques – Bretagne(s), Galerie L'imagerie, Lannion
Festival Pluie d'images, Médiathèque François-Mitterrand, Le Relecq-Kerhuon
Identités à venir – Bourse du talent, Institut Français, Milan
L'Encyclopédie des migrants, salle patrimoine de la médiathèque des Capucins, Brest
Whitebox gallery, Publika (Finalist of Kuala Lumpur International Photoawards – open category), Kuala Lumpur, Malaisie
2×16, exposition du réseau Diagonal, CACP – Villa Pérochon, Niort
Habitants d'ici et d'ailleurs, Orangerie du Thabor, Rennes
Panorama Diagonal, extraits des séries « Singularité(s) et « Des famille(s) », Carré de Baudouin, Paris
THE GUERRILLA GIRLS and LA BARBE, Galerie mfc-michèle didier, Paris
There is something about my family, FOTODOK documentary photography, Utrecht, Pays-Bas
2015 Pride Photo Awards, Old Church du Centre historique d'Amsterdam, Pays-Bas
21ème rencontres photographiques, Lorient
Festival DIPE (Dali International Photography Exhibition), Chine
Petits arrangements avec l'amour , extrait de la série « Longing », Abbaye de Daoulas, Epcc Chemin du Finistère, Daoulas
Mois Européen de la Photo, musée de Sofia, Bulgarie
Festival photographique de Rennes & Métropole “L'image Publique”, Rennes
Whitebox gallery, Publika (second prize of Kuala Lumpur International Photoawards – open category), Kuala Lumpur, Malaisie
Maison de la Photographie de Lille, Transphotographiques / Bourse du Talent 2013, Lille
Festival de la jeune photographie européenne Circulation(s), CENTQUATRE & RATP (16 stations), Paris
La Vague#2, Galerie Le CAP Quartz, Brest
2013 Bourse du Talent (Photographie.com), Bibliothèque Nationale de France, BnF François Mitterrand, Paris
La Vague, Galerie Le CAP – Quartz, Brest
2012 Espace culturel Lucien Prigent, en partenariat avec le Centre Atlantique de la Photographie, Landivisiau
Mois de la Photo OFF, Galerie Oberkambf, Paris
2010 Galerie DAVID GUIRAUD, Paris
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