13 novembre 2022

 Une table ronde qui ouvre de nouvelles perspectives pour C.A.C.T.U.S

A partir de 17 h, a eu lieu la table ronde sur la place de l'artiste plasticien aujourd'hui dans la cité. Elle faisait suite à la conférence de Christophe Le François, artiste, mais aussi membre du C.A.A.P, comité pluridisciplinaire des Artistes auteurs et des Artistes-autrices. Il est resté ensuite pour participer à la table ronde. 

Maryvonne Magaud, co-présidente de C.A.C.T.U.S a lancé le débat, avec à ses côtés, Jean-Yves Pennec, mais également le directeur de la médiathèque, Marc Moutoussamy, l'adjoint à la culture de la ville de Quimper, Bernard Kalonn.

Elle a tout de suite mis le doigt sur le noeud du problème quant à la situation de l'artiste dans la société d'aujourd'hui, une société qui ne privilégie que très rarement l'achat d'une oeuvre. Ce que Jean-Yves Pennec, artiste confirmait en rappelant l'isolement de l'artiste en général mais plus particulièrement pendant le COVID, période qui paradoxalement a montré l'importance de l'art et des artistes pour tenir le coup dans ce moment unique, rappelons les concerts improvisés, les rencontres d'artistes, les visites de musée sur nos écrans, etc...

Mais les expositions prévues depuis longtemps ont été supprimées, les artistes se sont retrouvés sans ces vitrines absolument importantes pour eux, et donc sans moyens...

Une personne dans l'assemblée demande pourquoi C.A.C.T.U.S n'ouvre pas une galerie même modeste.

Maryvonne réagit vivement, " Pas les moyens !...Nous tournons avec environ 10 000 euros de subventions et aides diverses, ce qui ne permet pas de payer un loyer ! Et au début, nous avions en tout et pour tout 1 000 euros ! 

Pourquoi la mairie ne se charge pas de cela ?

L'adjoint répond : " Je préfère plusieurs petits lieux d'exposition qu'un centre d'art " Il précise aussi que si l'artiste aujourd'hui est souvent obligé d'avoir un autre métier à côté, il précise qu'en tant qu'adjoint à la culture, c'est pareil ! Il reprécise qu'il privilégie des lieux éphémères comme le fait C.A.C.T.U.S actuellement, des lieux qui s'installent dans le territoire et ce, pour lui, en essayant de maintenir les subventions actuelles pour que ça tourne correctement. Il reconnait le manque d'espaces d'exposition pour ces arts silencieux. Tout est à repenser en fait. 

Côté éducation nationale, une personne reconnaissait que l'éducation à l'art existe certes, mais est considérée comme accessoire, comme un loisirs, loin du niveau des autres matières. Elle s'interroge aussi sur la nécessité pour les artistes de se regrouper, de quitter leur isolement, de ne pas jouer sur le misérabilisme, bref de prendre le taureau pas les cornes en faisant bloc.

Jean-Yves Pennec confirme que si l'artiste dépend de l'économie dans une société très individualiste, mais il reste un être social qui doit prendre conscience de son état, qu'il est effectivement nécessaire pour lui et d'autres artistes de se regrouper. 

 Marc Moutoussamy ajoute que les services publics comme la médiathèque qu'il dirige, ont leur importance pour cela, leur rôle à jouer pour mettre en relation les créateurs et les publics. Ce lieu n'est pas seulement là pour procurer des livres, des DVD, des C.D mais aussi pour provoquer des rencontres avec les artistes vivants. Que le public ne soit pas seulement consommateur. L'éducation artistique, culturelle, est essentielle tout comme la pratique artistique, elle permet de ne pas suivre aveuglément des discours proposés mais d'avoir son propre discours éclairé, c'est la mission des Arts, elle permet de s'émanciper des stéréotypes, d'où l'importance de C.A.C.T.U.S qui fait ce travail entre les artistes et le public. Il rappelle égalemen la situation des auteurs de B.D qui seront bientôt exposés à la Médiathèque et qui sont souvent eux-aussi dans une grande précarité. " La médiathèque doit un être un lieu poreux, ouvert vers l'extérieur".

Dans l'assemblée, une personne rappelle que les élèves si à la maternelle ont une approche de l'art, dès qu'ils ont accès à la lecture, l'écriture, ils s'en éloignent avec une priorité, les matières "sérieuses" comme les maths et autres, et au Collège, les professeurs d'art plastique récupèrent des handicapés de l'art.

Christian Vialle, co-président de C.A.C.T.U.S constatait quant à lui que les artistes présents dans les salles d'exposition étaient très peu présent au débat qui les concernaient pourtant, mais cela était justifié aussi par l'importance pour ces artistes de rencontrer le public dans un laps de temps très court, et éventuellement de vendre des oeuvres. 

Autre interrogation dans le public de la table ronde, quid des résidences d'artistes ? Bernard Kalonn confirmait qu'il y en avait cinq à Quimper, mais ce sont des résidences logement qui dépendent de l'OPAC, il n'y a pas de possibilité de visiter ces résidences comme le préconisait une personne. 

Puis furent évoqué le fameux 1% qui permet à des artistes de réaliser des créations pour une municipalité. On en parle très peu. Mais ce sera apparemment le cas pour la grande salle de l'eau blanche à Quimper. 

On remarquait aussi l'absence d'étudiants de l'école des Beaux-Arts pour lesquels la question économique, l'argent, est tabou. Ils sont très individualisés. On les voit très peu aux expositions en général, y compris ce week-end si riche des 5 ans de C.AC.T.U.S. L'étudiant est fortement individualisé, le statut de l'artiste thème de ce week-end, ne l'intéresse pas, ce qui est une erreur, ils devraient avoir pendant leurs études, des cours sur leur statut dans la société, leurs moyens de subsistance !  

[ Karine Le Brun, enseignante à l'Eesab, souhaite répondre à ce paragraphe : à lire en "Commentaires" au bas de cet article ]

Bernard Kalonn rappelait l'existence d'une galerie dépendant de la ville, la galerie Artem rue Sainte Catherine, et il préconisait l'occupation de lieux inhabités momentanément, (commerces) en se mettant en relation avec les agents immobiliers. 

Une artiste nouvellement arrivée à Quimper se demandait où elle pouvait exercer son art, on lui suggéra la Baleine au Moulin Vert, un atelier d'artistes et bientôt l'ancien local de la Pépie, rue de la Providence, qui va devenir un tiers lieu. 

Bernard Kalonn proposa, à la fin de cette table ronde, que d'autres rencontres de ce type aient lieu avec C.A.C.T.U.S, sous forme de colloques. Une réflexion sera mise en place prochainement. 

Cette table ronde a eu l'avantage de poser les questions sur ce statut de l'artiste, de suggérer des débuts de réponses, de faire plutôt un état des lieux qui demandera effectivement à être approfondi par d'autres rencontres. Mais ce qu'il faudrait c'est intéresser les étudiants et les artistes, qu'ils puissent confronter leurs expériences mutuelles, leurs questionnements.

En moins d'une heure, ce fut un moment très riche qui se poursuivit par un autre plus ludique et bienvenu, un concert de jazz qui fut pris d'assaut par le public.





1 commentaire:

Karine Lebrun a dit…

J'enseigne à l'EESAB site de Quimper depuis 16 ans et, à ce titre, j'accompagne beaucoup d'étudiant.e.s dans leurs parcours à l'école. Je souhaite réagir à ce passage :

"On remarquait aussi l'absence d'étudiants de l'école des Beaux-Arts pour lesquels la question économique, l'argent, est tabou. Ils sont très individualisés. On les voit très peu aux expositions en général, y compris ce week-end si riche des 5 ans de C.AC.T.U.S. L'étudiant est fortement individualisé, le statut de l'artiste thème de ce week-end, ne l'intéresse pas, ce qui est une erreur, ils devraient avoir pendant leurs études, des cours sur leur statut dans la société, leurs moyens de subsistance !"

Je peux témoigner que c'est complètement faux. Les étudiant.e.s sont très impliqué.e.s dans la société, très concerné.e.s par la place de l'artiste dans la société et sont très soucieux et soucieuses de mener leurs projets en dialogue avec les réalités de notre monde.
Une école d'art et ses acteur.rice.s sont des lieux de débat traversés par des questions artistiques, sociétales et politiques, qui nous permettent de déconstruire les clichés et d'accompagner nos étudiant.e.s en respectant leurs singularités en perpétuelle conversation avec ce qui constitue notre commun.
D'autre part, les étudiant.e.s sont les premier.e.s confronté.e.s aux problèmes économiques de tout ordre, fragilisé.e.s par les confinements, les différentes crises que nous vivons et se superposent, et s'organisent je dois dire remarquablement face aux difficultés, grâce à leur capacité de création et de force collective.

Karine Lebrun