31 octobre 2020

ARTISTES AU JARDINS 3 décrochage John K. MELVIN


 Le chêne d'Amérique de Bernard Charton a perdu ses feuilles, et Voci dal Vento  de John K Melvin vient d'être décroché par Xavier et Théo...

On pense déjà la suite, les projets vont bon train, on vous tient informés.

C.A.C.T.U.S. est OPTIMISTE !!!

21 octobre 2020

Videos en attente

A la demande de Stéphane Tesson, réalisateur des videos présentées ici depuis lundi 19 octobre, nous devons les mettre "en attente". Un débit insuffisant semble en contrarier la lecture, et, pour l'auteur, dénaturer son travail. Le temps de trouver la parade et nous les remettrons en ligne...

17 octobre 2020

 La douceur de la porcelaine pour des outils agricoles

Elodie Cariou expose de la porcelaine dans un jardin, porcelaine fragile, d'un blanc lumineux. Dans l'un des carrés de cet espace très compartimenté, des dents d'animaux émergent de la terre, dressent leurs têtes insolentes, l'air de dire " Pourquoi nous déranger ?", elles sont là, alignés comme à l'armée, prêtes à mordre peut-être. Mais l'artiste a pour elles une certaine tendresse " Je les appelle Les tuberculeuses, j'aime ce mot, je ne sais pas pourquoi, ainsi disposées elles m'évoquent cela". Un mot doux pour ces dents carnassières. 

Plus loin, derrière la maison, dans un autre carré aux herbes folles, une partie volontairement laissée en jachère pour favoriser la diversité et nourrir les abeilles sans doute. Une herse est là, en morceaux, brisée, ou arracher là aussi à la terre où elle vivait bien cachée depuis quelques lunes. Etrange, elle n'est pas en métal rouillé, mais en belle porcelaine papier " Une forme de céramique que je pratique depuis cinq ans, cette pièce je l'ai conçue pour ce lieu précisément, la herse a cette forme géométrique qui lui correspond, mais morcelée pour pouvoir passer dans le four. Ce sont des modules que l'on assemble (ou pas) avec cette couleur d'un blanc laiteux en contradiction avec l'emploi de cet outil à l'origine" explique Elodie. (La herse avec ses pointes acérées a pour fonction de creuser les sillons dans le champ avant la semaison). 

Et voilà, un peu de tendresse dans ce monde fou.

( La porcelaine papier est une technique qui permet de réaliser des objets très fins et délicats.La porcelaine est mélangée à du papier qui se consume à la cuisson (entre 1200 et 1250°), il reste juste une fine pellicule de porcelaine très délicate. Cette technique est également utilisée par Aleksandra Ruszkiewicz, à la galerie eu Champ des Possibles à Plogonnec)

A voir chez Karine Phelep, au 26, chemin des Potiers


 


15 octobre 2020

Openfield 3 + Artistes au jardin 3: présentation des artistes par Jean Yves PENNEC

Discours d'inauguration, samedi 10 octobre 2020 au Champ des possibles

Vernissage de Openfield 3 et Artistes au jardin 3 au Champ des possibles, Kerguinou, Plogonnec
Vernissage de Openfield 3 et "Artistes au jardin 3", au Champ des possibles, Kerguinou, ph. Sylvie LE GAC


OPENFIELD 3

Champ des Possibles KERGUINOU

Bruce GOULD

Bruce Gould a choisi de monter dans la grande salle cinq peintures acryliques , deux grands formats et en contrepoint trois petites pièces. Le travail de peinture de cet artiste qui est aussi céramiste se rattache de façon évidente au grand mouvement de peinture COLORFIELD PAINTING né à new York dans les années 40/50 avec comme figures célèbres des artistes célèbres comme Rothko, Sam Francis Elworth Kelly et bien d’autres encore.

Ce style caractéristique se reconnait par ses aplats de couleurs vives, l’absence de perspective, le développement pictural sur un seul plan, l’exclusion de la figuration.

Cette abstraction de la forme doit conduire le regardeur à une phase méditative. La couleur devient autonome et se place comme le sujet même du tableau. Ces taches de teintes souvent pures qui s’emboîtent , se marient, se disputent l’espace où s’entremêlent n’en sont pas moins une référence explicite à la nature et aux sentiments joyeux qu’inspirent des paysages, ici sans doute ceux de la presqu’ile de Crozon où vit l’artiste.

Bruce Gould par ce choix de peintures répond de manière très forte et pertinente à notre invitation sous l’appellation d’OPENFIELD.


Vincent GOURIOU

Dans la petite salle de la longère , qui avant d’accueillir des œuvres servait de crèche ou l’on élevait les veaux, Vincent GOURIOU a sélectionné dans son travail de photographe portraitiste, un ensemble d’images appartenant à une série qu’il a consacré à des personnages singuliers habitant la campagne bretonne. Un couple d’hommes mariés, bretonnants revenus vers la nature et y travaillant et un éleveur ayant repris la ferme de ses parents. Tous les trois vivant leur choix de différence dans un univers où végétaux et animaux font leur décor quotidien.

Dans ces deux histoires simples, paysannes, Vincent Gouriou nous révèle par son approche fine, douce et sensible de ces personnages, une humanité d’une extrême beauté.

De ces clairs obscurs subtils se dégage une sensualité précieuse, tout à la fois respectueuse et heureuse qui dit bien la force et la profondeur des affections intimes qui relient les êtres vivants, hommes et animaux.

Notez bien l’éclat discret de la couleur et le chemin de la lumière dans cet exceptionnel éloge de l’ombre.


Mael NOZAHIC

Cinq loups en or vous accueillent dès que vous avez franchi le seuil de la grande salle de la galerie. Ils reviennent d’un long séjour éprouvant dans les bois d’Auvergne et leur corps de cellulose de bois et de papier mâché garde encore sur le pelage les marques d’une brillance qui s’est estompée.

Cette meute du dernier chic sort tout droit d’une légende locale qui racontait à la suite d’aventures, le pacte passé entre les hommes et la bête sauvage attestant d’un accord qui définissait pour chacun un territoire respectif.

Le bestiaire fantastique est l’une des constantes de l’univers artistique de Mael Nozahic qu’elle développe surtout par le médium de la peinture.

Dans les cinq aquarelles aux teintes vives qu’elle a choisi d’accrocher sur les murs, se manifeste dans cette galerie de personnages burlesques un échantillon représentatif de la richesse de son vocabulaire c’est-à-dire : un goût certain pour le carnaval, les chimères, les rituels profanes, un sens particulier du sacré, une fascination pour l’étrange, de nombreuses références à l’histoire de la peinture, le recours aux invraisemblances oniriques.

A sa manière bien particulière qui sait se faire l’alliée d’une exubérance et d’un cocasse assumés, elle nous invite au travers d’une relecture de nos cultures à rire, comme le firent Jérome Bosch et James Ensor, malgré les temps incertains que nous traversons et à nous interroger sur notre relation si problématique avec la nature.


Eunji PEIGNARD KIM

Il serait faux de penser que L’homme a disparu des préoccupations d’Eunji PEIGNARD KIM qui a choisi de s’adresser à nous par le dessin. Un dessin d’un réalisme troublant témoignant d’un savoir-faire virtuose qui s’attache la plupart du temps à des sujets qu’elle va chercher dans le règne végétal ou animal.

Dans ses propositions où elle explore l’univers des sciences naturelles ainsi que les outils spécifiques de représentation de ce milieu, elle a par exemple opté ici pour trois caissons lumineux et une version très agrandie d’un fœtus de kangourou qu’elle a pu observer dans un musée de Lausanne .

C’est bien sûr notre positionnement face aux autres règnes qu’elle souhaite interpeler.

« Le sommeil de K » nous touche par sa présence augmentée dûe au changement d’échelle opérée par Eunji qui fait de cet embryon caressé par sa sanguine un être fragile que nous devons protéger ou un alien ennemi à supprimer.

Dans le »cri de l’orme » dessiné à la pierre noire sur papier calque se profile à travers le réseau des branches en étoiles ou le duvet moussu de « l’homme des bois » une déroutante ambiguïté qui nous rappelle qu’il faut interroger nos grilles de lecture séparant irrémédiablement minéraux, végétaux, animaux des humains.



Aleksandra RUSZKIEVICZ

Aleksandra RUSZKIEWICZ a bien observé lors de sa première visite à KERGUINOU la déclivité accusée du sol de la petite salle ainsi que les marques sur le ciment d’anciennes cloisons qui séparaient autrefois les animaux lorsque cette pièce les accueillait.

Elle a aussi beaucoup cherché à en savoir plus sur la vie qui était celle de la ferme et de cet espace en parlant avec Elodie et ses parents, leurs habitants. Et c’est bien là qu’elle a décidé de faire apparaître, on pourrait même dire réapparaître, une trace éphémère du passé.

Dans un geste qui se souvient peut-être du dripping pratiqué par Jackson Pollock, mais cette fois dans une version tendre, apaisée et monochrome elle a chorégraphié sa coulée douce de lait.

Cette inclinaison marquée pour la création in-situ et le goût de la présence infime, fragile est une caractéristique de la démarche d’Aleksandra qui exige du visiteur une mise en éveil de tous ses sens sous peine de manquer le rendez-vous qu’elle lui donne.

Qui remarquera à côté de la coulée et suspendus à une poutre au- dessus de celle-ci , les licols en porcelaine blanche qui rappellent ceux en cuir que l’on nouait à l’aide d’une boucle à la tête des bêtes, pourra poursuivre en silence la rêverie mémorielle à laquelle Aleksandra nous invite.


14 octobre 2020

Aventure au long cours avec Yanik Pen'Du

Ce sont des échanges entre un texte de Jean Louis Chabert Dubois et le travail de Yanik Pen'Du sur sculpture d'oiseaux de bronze en plein envol qui sont à l'origine de l'exposition proposée à CACTUS. Ce sont ces mêmes oiseaux qu'il décline sur des branches de châtaigniers dans le jardin en escalier de Maud Kramp. Un jardin qui a fortement inspiré l'artiste pour la présentation de ce travail. Au fur et à mesure que l'on grimpe, il apporte au visiteur une vue panoramique d'une partie de Quimper. La vue que ces oiseaux voient. Ils sont prêts à partir pour d'autres horizons comme dans le texte du poète. 

Sur chaque branche est incrustée une coulée d'étain qui d'une écriture ronde presque lascive, donne un extrait du texte cité çi-dessus. Un oiseau raconte sa nécessité de quitter son nid pour un ailleurs meilleur mais aussi inconnu " Ils m'ont dit que partir c'était mourir peut-être. Ce que je sais c'est que rester, c'est mourir assurément". Chaque phrase est choisie d'après la forme de la branche que l'artiste a ramassé à terre, mais aussi d'après la forme du terrain où la branche est posée.

 Naturellement, il s'agit d'un travail sur la migration, thème cher à Yanik Pen'Du qui est un habitué des voyages lointains pour des résidences d'artiste, avec cette peur au ventre d'aborder l'étranger, l'inconfort de quitter son atelier, son environnement. Certes, il ne côtoie pas la mort comme les migrants, mais il ressent cette contradiction en lui, entre partir vers l'inconnu et s'enrichir d'autres cultures ou rester sur sa terre avec ses seuls acquis.

Ces oiseaux ont sur leurs ailes le dessin d'une dentelle bretonne " Ma façon d'amener avec moi, ma propre culture", de se rassurer un peu. 

L'oiseau installé tout en haut du jardin n'est pas posé sur une branche, il se repose au bord d'une coupe où le texte est intégralement retranscrit, mais recouvert d'eau. Les ondes permanentes semblent se propager à l'infini pour diffuser le texte à l'infini. Le monde des oiseaux, sans frontières...  

                      Yanik Pen'Du et l'un de ses oiseaux prêts pour un voyage vers l'inconnu

 


12 octobre 2020

Coulée de lait dans une étable à veaux

Aleksandra Ruszkiewicz a donné des sueurs froides à CACTUS, mais à elle aussi.Ce qu'elle aime, ce qu'elle offre en tant qu'artiste, c'est un travail In Situ qu'elle prend le temps de réaliser, un travail souvent fragile que le spectateur doit appréhender  le souffle suspendu, tranquillement. Avant la réalisation, elle s'imprègne du lieu où elle va produire une oeuvre. Avec les contre-temps dus au COVID, son projet s'est modifié, a évolué, s'est enfin précipité, ce qu'elle redoutait. Mais l'idée initiale est là.

Au départ donc, il y a eu la visite du lieu, en hiver, la galerie le Champ des Possibles, à Plogonnec, un ancien bâtiment de ferme " Les stigmates de la stabulation, le sol penché, ont réveillé en moi des souvenirs d'enfance, mon grand-père était aussi agriculteur en Pologne. Je connais ça! Et de plus, en tant que sculpteur, ce sol qui penche, c'est irrésistible. La coulée de lait m'est rapidement venue à l'esprit. J'ai aussi naturellement beaucoup parlé avec les propriétaires du lieu, Elodie Cariou et ses parents, de leur vie à la ferme, leur travail, le lait en poudre que l'on prépare pour les veaux. C'est une sorte de madeleine de Proust  pour moi. Mais je n'avais jamais travaillé avec de matériau, le lait ! J'ai aussi imaginé le lien qui domestique l'animal, le licol, que j'ai voulu évoquer en miniature, pas de façon ostentatoire. Je l'ai réalisé en porcelaine papier, une technique que je j'avais jamais utilisée qui donne un rendu sensuel, étonnant".

Mais ce n'est pas tout. Ce projet a été pour l'artiste chevronnée un véritable moment d'apprentissage, de découvertes " Il fallait que je trouve une équivalence pour représenter le lait que je ne voulais pas gaspiller, une matière blanche, liquide, qui ne s'étale pas trop, qui trouve son cheminement sur le sol penché. Mais avec deux jours de travail possibles, c'était court ! Avec la paraffine à laquelle j'ai pensé, difficile de trouver la bonne couleur. J'ai contacté un chimiste qui m'a conseillé et c'est ainsi que j'ai utilisé des granulés de sol qui servent pour faire des bougies. J'y ai ajouté 10 % de vaseline, qui en plus apporte du gras". Un véritable travail de laboratoire, d'expérimentation. On oublie parfois que l'artiste est toujours en recherche de moyens techniques, bassement matériels, pour pouvoir donner corps à une idée, qui elle, n'est que poésie. Oui, le travail d'artiste, c'est 90 % de sueur, de travail physique ou mental, et 10 % d'inspiration ! Mais cette inspiration, cette petite lumière ne le quitte jamais, l'obsède souvent jusqu'au moment où l'oeuvre est là, évidente, accomplie, fragile, presque invisible parfois, comme cette belle coulée de lait sur le ciment torturé de l'étable des veaux.


Aleksandra Ruszkiewicz à droite, explique son travail à Claudine, bénévole de CACTUS.

Au premier plan (ou presque), la coulée de lait qui se dirige vers le licol brisé.

08 octobre 2020

C.A.C.T.U.S recommande les bottes

 ... et une tenue chaude pour le vernissage, en extérieur avec distances


Morgan DANVEAU pour C.A.C.T.U.S
Morgan DANVEAU pour C.A.C.T.U.S

 Des loups et des hommes à Kerguinou 

Plus que deux jours avant l'ouverture de la nouvelle édition d'artistes au jardin couplé avec Openfield. C'est l'effervescence, mais dans le calme, un peu contradictoire peut-être, mais, un accrochage ça se fait dans une atmosphère zen, on respire à peine quand l'artiste cherche exactement l'ordre, l'emplacement pour installer ses oeuvres. Le petit personnel (l'association C.A.C.T.U.S) est concentrée à fond, à l'écoute pour une exposition parfaite qui s'ouvre au public samedi prochain. 

Ce jeudi, on installe des...loups ! des loups en or en plus. Ceux créés par Maël Nozahic pour une exposition qui a eu lieu en 2019 en Auvergne. Il s'agissait du festival Horizons Sancy qui rassemblait plusieurs sculpteurs " Les loups sont restés quatre mois exposés en plein air, d'où une patine que l'on peut constater sur la peinture dorée et la feuille d'or qui les recouvrent". Réalisés en cellulose de bois et papier mâché, ils sont à la fois réalistes et fantastiques " Ce n'est pas ma pratique principale, je suis surtout peintre" ( aquarelle et huile), mais Maël reste cependant toujours dans ce monde fantastique, inspiré du légendaire et réalisé à partir de toute une banque de photos sur des parcs d'attraction, des carnavals, des masques, commedia dell 'arte et aussi une faune étrange où l'homme s'il est présent est complètement immergé dans l'univers originel, celui ou il est l'égal de l'animal, à moins que ce ne soit le contraire. Un monde onirique où l'on sent l'influence du Douanier Rousseau, mais aussi d'Ensor, le flamand fou, tout au moins pour la thématique. 

Maël  Nozahic installe ses loups magnifiques avant d'accrocher ses aquarelles.

Dans la pièce voisine, Vincent Gourou, le photographe hésite, ce n'est pas chose aisée que d'accrocher des photos sur des murs un peu irréguliers, une ancienne étable. Et son sujet s'y prête pourtant parfaitement. Il présente deux histoires, deux parcours d'hommes qui ont choisi de vivre au contact de la nature. D'une part un couple, Fulup et Yann-Pier, deux enseignants mariés en 2015 et qui font le pari, parallèlement à leur métier premier, de vivre en autonomie avec une petite exploitation, une serre, un potager " Je les ai contactés après les avoir vus sur France 3 lors d'un reportage sur le mariage pour tous. Ils venaient de se marier, et ils s'exprimaient en breton. C'est un projet au long cours, je les ai revus récemment". L'artiste photographe choisit le plus souvent des sujets qui interrogent, qui nous obligent à regarder d'autres vies que la nôtre, d'autres réalités.

L'autre homme, Vincent l'a trouvé sur les réseaux sociaux. C'est un éleveur, Pascal, qui venait de reprendre la ferme de ses parents " Ca m'intéressait de montrer comment il pouvait vivre son homosexualité dans ce milieu, ce n'est pas facile, j'ai capté cette solitude au quotidien, il y a un côté militant chez lui, à la fois en tant que gay et par rapport au mouvement vegan, avec cette difficulté aussi de trouver un compagnon qui accepte de vivre dans cet isolement". Pourtant quand on regarde les clichés, on est tout de suite séduit par la beauté de ce monde, de ce rapport entre l'homme et l'animal que ce soit la vache ou le veau. La façon de photographier de l'artiste, accentue ce plaisir de l'oeil, avec juste un rayon de lumière naturelle qui nous amène instantanément dans le monde de Vermeer, Rembrandt, Le Caravage. L'aspect satiné des photos apporte encore plus de sensualité au sujet, qu'il soit au travail, à la traite, ou assis mélancoliquement au bord d'une fenêtre avec vue sur sa ferme, la campagne " Mais toujours dans une lumière cotonneuse, le matin très tôt, ou quand il pleut". 

Vincent Gourou organise l'accrochage de son travail


Tout en précision et délicatesse ...

 

06 octobre 2020

La galerie “Au champ des possibles” porte bien son nom

La préparation de l'exposition au Champ des Possibles à Plogonnec s'accélère fébrilement.

D'un côté, Aleksandra Ruszkiewicz avec deux autres personnes, à genoux, gratte avec énergie le sol pour mettre en place son installation originale in situ, une coulée de lait.... 

Sur les murs rustiques de la galerie, les grands tableaux furieusement colorés de Bruce Gould sont déjà accrochés, ils côtoient d'autres plus petits et plus sobres. On est clairement dans la peinture. 

Vision différente de la couleur avec l'artiste coréenne, Eunji Peinard-Kim, ancienne étudiante de l'école des Beaux-Arts de Lorient, et qui maintenant y enseigne le dessin. Et quel dessin ! Elle nous en donne un aperçu aux cimaises du lieu. Tout le monde s'affaire autour de ses oeuvres qui ne laissent pas indifférent. Un dessin d'une précision incroyable sur des sujets originaux inspirés directement de la nature. "Le sommeil de K" représente un foetus de kangourou photographié dans un bocal à Lausanne " J'aime fréquenter les musées d'histoire naturelle. J'ai travaillé dans celui de Nantes pendant 6 ans, je préparais des panneaux pédagogiques". Dans mon travail, je me sers de ces formes que j'agrandis comme on peut le voir dans les films de sciences fiction avec ces insectes géants, Alien par exemple s'est inspiré des crustacés des profondeurs de l'océan. Je joue sur les variations d'échelle" Travaillé à la couleur sépia et à la pierre noire cela donne une forme monstrueuse certes, mais superbement dessinée avec toutes les variations de teinte de la peau grâce à un habile travail d'effacement, de superposition là, de transparence ailleurs " Cette oeuvre date de 2011". 

 Les trois autres réalisations accrochées au mur, ce sont des tableaux lumineux, des dessins à la pierre noire effectués sur du papier calque éclairé à l'arrière par des Leds. " Le cri de l'orme"   se présente sous la forme

"Homme des bois"

"Le sommeil de K" et Eunji Peinard-Kim

de deux tableaux qui utilisent comme modèle des branches d'ormes malades, branches desséchées, recomposées où les rameaux s'entremêlent, se pénètrent. 
Pour "Homme des bois", c'est une souche recouverte de mousse, là encore réinterprétée, une masse de formes molles, denses, qui semblent recouvrir un mystère, l'entrée d'une grotte, celle d'Alice peut-être, ou effectivement, un homme hirsute tassé sur lui-même, complètement englouti par la nature qui l'entoure. Toutes ces oeuvres laissent libre cours à l'imagination du spectateur, elles sont complètement liées au monde végétal et animal qui reprend ses droits, s'impose à notre regard. 

Mais les installations ne sont pas encore terminées au Champ des possibles et réserve bien des surprises...  

Itinéraire "Artistes au jardin 3" et "Openfield 3"

Sam 10, dim 11 oct de 14h à 19h

Ven 16, sam 17 , dim 18 oct de 14h à 19h

05 octobre 2020

 Installation éphémère de Jean-Paul Thaeron

Des formes élancées d'un jaune éclatant ont pris pension dans la superbe propriété de Bernard Charton décédé brutalement en août dernier. Mais voilà, avec cet ensemble, la vie semble reprendre sa place dans le parc. Ces formes stylisées qui évoquent des lances, pics, tenailles, colonnes baroques, blasons, aussi bien du végétal que du mobilier ou autre,  elles servent à mettre en place tout un vocabulaire propre à l'artiste Jean-Paul Thaeron et font écho aux cloches presque tibétaines de John Melvin, juste derrière, dans le grand chêne. Dans les deux cas, on perçoit un lien fort, intime, entre la création humaine inspirée par et pour la nature.

L'installation imposante de l'artiste concarnois qui a trouvé l'atelier de ses rêves dans le nord-Finistère, à Lanrivoaré, peut aussi rappeler l'observatoire astronomique de Jaipur au Rajasthan. Le Yantra Mandir (1727), ensemble de sculptures monumentales représentant 17 instruments qui permettent de lire dans le ciel (cadrans, astrolabe,etc...). Des formes intemporelles et universelles qui interprètent le monde.

 Ici, elles ont été créées en 1997 pour une exposition collective d'artistes praguois avec un artiste breton, Jean-Paul Thaeron, au château de Beaumanoir à Quintin. Depuis, l'ensemble n'avait pas été exposé.  

Le matériau il est vrai ne peut permettre d'être installé durablement, il s'agit de contreplaqué peint. Pour que l'oeuvre ne soit pas montrée de façon éphémère, il faudrait la construire dans un autre matériau comme l'acier, ce qui est le cas pour les oeuvres de l'artiste exposées à Kerguinou. Elles sont plus récentes, mais l'inspiration est toujours la-même." En trente ans, les choses bougent, mais on retrouve la même famille de formes, le même vocabulaire stylistique dans des matériaux différents. Vocabulaire que j'utilise aussi pour mes peintures aujourd'hui avec certes des lignes plus sinueuses autorisées par l'outil utilisé (le pinceau principalement), en sculpture, c'est plus rigoureux".




Installation héroïque de l'oeuvre de Jean-Paul Thaeron avec l'artiste, Jean-Pierre et Yvan.



01 octobre 2020




Un Chêne d'Amérique pour un Californien quimpérois

Jeudi 1er octobre, installation d'une oeuvre musicale de John K.Melvin aux branches d'un chêne palustre d'Amérique. Le chêne en lui-même est déjà impressionnant, situé dans un parc magnifique, caché aux yeux du monde par de puissants massifs. Ce lieu accueillera bientôt le public invité par C.A.C.T.U.S. Il aura devant lui cet O.V.N.I conçu et réalisé en Italie, à Sienne très exactement. Des sortes de cloches de bambou (italien) sur lesquelles sont inscrites des histoires, des dessins.

Cette oeuvre est complètement dans l'optique du travail de l'artiste américain John K Melvin. On retrouve ses installations un peu partout dans le monde. " Ici, c'est le résultat d'un workshop d'une quarantaine de personnes, mis en place par le Siena art institut en 2018. Chacune a apporté une histoire, un morceau de sa mémoire, des évènement qui l'ont marquée, des fêtes, des rivalités de quartier (comme Sienne et d'autres villes italiennes en ont le secret et qui aboutissent à des compétitions folles). Mais ces personnes qui sont à l'origine de cette oeuvre sont surtout des oubliées, des handicapés, des personnes âgées, qui ont pourtant beaucoup à raconter". Et ces cloches qui vibrent dans le vent interpellent sur leur existence.

Tout un monde que l'artiste aime à convoquer quand il met en place un projet " Je suis un américain, chez moi, il n'y en a que pour les winners, les gagnants, alors que derrière, cachées, il y a des personnes magnifiques que l'on ne voit pas ou  ne veut pas voir". John travaille avec le public et plus particulièrement ce public effacé, et non pas seulement pour le public " A notre époque, c'est important pour un artiste de réaliser une oeuvre activiste (sans être un activiste soi-même), parce qu'il y a beaucoup de questions à poser : Qu'est ce que l'on va faire pour les personnes handicapées ? mais aussi Qu'est ce que l'on va faire de la pollution, du problème du plastique ?" Question posée lors d'un travail au Cambodge. 


John K. Melvin, natif d'Oakland en Californie a choisi de vivre à Quimper d'où il rayonne vers d'autres horizons comme l'Italie, mais aussi l'Asie, les U.S.A, l'Europe de l'Est..."J'étais venu travailler en 2005 dans l'école d'art contemporain américaine installée à Pont-Aven, et j'ai eu le coup de foudre pour cette région".